A côté de l’atelier des Lumières, Rives est devenu en deux ans l’un des porte-drapeau de la bistronomie du 11ème arrondissement de Paris. Notre avis sur cette table, loin d’être un repère à bobos de la rue Saint-Maur.
Bistronomie, sans le trop
Des vins natures, des vinyles et des haut-parleurs, des DJ-set le week-end, le tout orchestrés par des serveurs aux bras couverts de tattoo flash. On reconnait de loin les codes branchouilles du quartier, non loin du square Gardette. Ici fleurissent (et fanent) mille et une propositions de ce style. C’est la substantifique moelle du parisianisme, simple dans la sophistication, avec ses adresses souvent hautaines et toujours trop chères.
Malgré les quelques red flags, Rives vaut-il le détour ? Oui. Avec trois ou quatre propositions dans les entrées, les plats et les desserts, en plus d’un plat du jour, l’adresse tient sa promesse. Celle du fait-maison avec des produits triés sur le volet, et des clins d’œil à la cuisine aveyronnaise, terres de Thomas Cassagne, le taulier. Côté service, c’est impeccable et rigolard, avec de bons conseils sur le vin. On oublie vite ses aprioris.
Poulet-frites du dimanche
Un dimanche midi d’avril, on s’est donc bien régalés avec l’œuf mollet aux champignons, tout ce qu’il faut pour avoir envie de saucer son assiette dès l’entrée. Une vraie réussite régressive à 10 €. Ce n’est pas donné, mais les champignons sont frais et l’exécution impeccable. Ah, et on avait presque oublié, mais vous êtes dans le 11ème arrondissement… Autre proposition, elle aussi très réussie, ces maquereaux et leurs pickles, belle bouchée de fraicheur (à 10 € également). Dans l’ensemble, le rapport qualité-prix est bon, même si la barre symbolique des 10 euros fait toujours un peu mal sur une entrée. Ici au moins, ils sont bien dépensés.
Ce midi-là, la suggestion du jour était un poulet-frites, fringant hommage aux plats du dimanche. A 18 €, voici donc l’aile ou la cuisse d’un beau volatile sur une sauce béarnaise (un peu fade, c’est regrettable). Une jolie colline de frites maison et basta. Le gallinacé fait bien son office : viande de qualité très bien rôtie et frites croustillantes. A ce prix-là, c’est mieux que ce qu’on peut trouver dans beaucoup de brasseries parisiennes. La proposition est simple, sincère finalement. Et ça marche. Les autres plats à la carte, servis chez nos voisins, nous ont paru moins exceptionnels. Jusqu’à deux fois plus chers, surtout. Pas sûr qu’on s’y risque.
En dessert, toujours pour 10€, on recommande la crème brûlée au vin jaune. La maison en a fait un classique, très bien réussi. Pas trop de sucre, et une délicate note de noix grâce à ce vin oxydatif.
Pour accompagner le tout, on nous a proposé un très beau chenin de l’Aveyron : Selves de Nicolas Camarans. Une découverte qui nous a bien plu, d’autant que l’accord était judicieux avec tout le repas. Le jus nature présentait une belle acidité, en plus de notes d’agrumes confits et de délicats amers. 50 € pour la quille.
Combien ça goûte, Rives ? Faites une escale !
🟩 Qualité : De bons produits, frais et bien préparés. Un rapport qualité-prix finalement honnête pour le quartier sur le plat du jour.
🟩 Humain : Pro et hyper looké, le service fonctionne à merveille et avec le sourire. On aime aussi la cuisine ouverte sur la salle et le chef qui vérifie la satisfaction d’un regard.
🟧 Démarche : Une carte efficace et des produits de saison. Sans être un engagement extraordinaire (n’est-ce finalement pas le minimum ?), c’est déjà ça.
🟩 Émotion : Le réconfort du poulet-frites du dimanche, même hors de la maison.
