C’heu l’Zib, c’est la promesse de revivre ces dimanches midis chez mémés, les pieds sous la table et le pantalon déboutonné. Notre avis sur ce restaurant hors du temps, où l’on met les petits plats dans les grands.
A la maison chez les Berrichons
Grandes tablées, chaises en bois, serviettes à carreaux et décos rustiques en tout genre, voilà le décor C’heu L’Zib. Un retour vers le passé, ambiance brocante d’objets anciens (poteries de La Borne, ustensiles en cuivre et vieux cadres photos) et cuisine traditionnelle. Mais attention, rien n’est artificiel dans ce décor. C’heu L’Zib qui cultive la patine du temps. Ici, c’est le même restaurant depuis quatre générations. En témoigne l’ancienne cuisine de la famille que l’on peut apercevoir depuis la salle (avec la grand-mère en train de faire les comptes de la soirée pour un supplément d’âme). En plus, le service vous contera avec plaisir l’histoire du lieu et de ses cheffes successives. On oublie pour un rendez-vous romantique, on adore pour un moment de convivialité entre affamés. Car on vous prévient, C’heu L’Zib c’est pas pour les picoreurs. Ici, pour que tout se passe bien, il vaut mieux avoir faim (la dalle même, genre rupture de jeûnes intermittents de 172 heures). S’il est possible de choisir à la carte, les vrais prennent les menus (les Gargantuas stomaco-suicidiaires le « gourmand »).
Tradition et généreuses portions
L’accueil correspond bien à l’esprit des lieux : la convivialité et la chaleur d’une table familiale. C’heu L’Zib, on tient à ce que le client se sente bien. On commence ainsi par des pâtés aux pommes de terre berrichons, bien beurrés, bien gourmands, servis en apéritif pour ouvrir l’appétit le temps de faire son choix. Le notre se porte sur le menu découverte au prix de 41 euros.
On commence par trois entrées proposées à la carte. L’assortiment de terrines maison, pour notre part de lapin et de sanglier, donne le ton du repas. Simple, bien assaisonné, élaboré à partir de bons produits. Le marbré de canard a réussi à combler nos attentes. De nature méfiante face à ces entrées, souvent décevantes et mal assaisonnées, le foie gras est ici généreux, goûtu, épicé et justement salé. On vous conseille vivement d’écouter les conseils du service et d’ajouter une pincée du piment d’Espelette sur vos toasts, ils n’en seront que meilleurs. Mais notre coup de cœur revient au filets de hareng pomme à l’huile. Le poisson est d’excellente qualité et les pommes de terres servies tièdes donnent du relief au plat grâce au chaud-froid. Un sans faute pour démarrer le repas (même s’il y a déjà de quoi manger pour 4).
Le brochet, star de C’heu L’Zib
On ne peut venir C’heu L’Zib sans commander le brochet à la crème qui fait la réputation du restaurant. Et à juste titre ! Le brochet est parfaitement cuit, bien désarêté, servi avec une sauce à la crème légèrement acidulée. On s’en lèche les doigts et le plat. Le poulet vermouth n’est pas en reste, avec une sauce réduite et caramélisée à souhait. Tous les plats ont le même accompagnement, à partager pour la tablée, à savoir des pommes de terres confites dans l’huile (un litre d’huile pour être précis), du coup forcément régressives, des carottes rôties et des endives braisés. L’essentiel est dans la simplicité. C’est pour ça qu’on vient et qu’on revient.
Char(iot)s de fromages et de douceurs
Et c’est pas fini ! Après les avoir vu défilés dans la salle, ils arrivent. Le charriot à fromage (sur lequel pourrait atterrir un A380), le brie de Meaux et le munster de la taille de la région Grand-Est. Une quinzaine de fromages locaux, principalement de chèvre, du Selle-sur-Cher aux crottins de Chavignol en passant par le Sein de Nounou (on vous voit les esprits mal placés). Une orgie laitière, le bonheur à l’état pur. Tous les fromages dégustés sont d’excellentes qualités (même le Munster, parole d’Alsacienne).
Vous commencez à caler ? Courage ! Car il faut encore affronter le dessert. Pourquoi se contenter de la charlotte aux chocolat (excellente soit dit en passant) quand on peut avoir, en plus d’une belle part de celle-ci, des pruneaux au vin rouge, de la crème anglaise, de la compote de banane, des fruits frais en salade et j’en passe ? Le tout, bien entendu, fait maison. On roule, de bonheur et d’excès. Notre recommandation : succombez à la tentation et goûtez tout.
A-t-on besoin de préciser que le menu vaut plus que largement son prix ? Voilà les restaurants qu’on aime mettre à l’honneur !
Du Menetou, rien que du Menetou
C’heu L’Zib, on est fier de sa région et de ses produits, et donc naturellement de son vin ! La carte des vins est ainsi 100% local et ne propose que des vins de l’AOP Menetou-Salon. Évidemment, Sauvignon blanc et pinot noir aideront à faire descendre toutes ces bonnes choses. Les grands noms de la région sont présents ici, comme Bertrand Minchin, Philippe Gilbert et Henry Pellé. Le sauvignon blanc du Domaine de Coquin a accompagné à merveille le brochet.
Combien ça goûte, C’heu L’Zib ? Le goût du vrai
🟩 Qualité : De l’apéritif au dessert, tout était parfait. Les produits sont frais, les plats généreusement servis et parfaitement assaisonnés. On ne vient pas ici pour être surpris mais pour manger des plats traditionnels de nos régions, comme s’ils étaient faits par notre propre grand-mère. L’adresse est à la hauteur de sa réputation.
🟩 Humain : C’est bon enfant, c’est chaleureux, c’est comme à la maison.
🟩 Démarche : Les produits locaux sont mis à l’honneur. Les accompagnements et certaines entrées (comme les asperges) varient en fonction des saisons.
🟩 Émotion : On ne sait plus ou donner de la tête (ou du ventre).
