Profiterez-vous d’un séjour en Normandie pour dîner (et dormir) au Manoir du Lys, hôtel et restaurant de Franck Quinton ? Notre avis sur cette institution de Bagnole-de-l’Orne, étoilée depuis 1998.
Menu étoilé aux champignons
Un peu à l’écart de la coquette station thermale de Bagnole-de-l’Orne, se trouve un beau manoir qui défend fièrement son étoile. La cuisine s’inspire et se nourrit de la forêt qui l’entoure. Le chef propose même de vous guider dans les bois pour un atelier de cueillette des champignons. Et pour cause : ils sont le véritable fil rouge de sa cuisine mycophile (rien à voir avec la maladie de peau pour ceux qui n’ont pas fait grec ancien).
Pour attiser l’appétit, on vous apporte dès le quatre heure une délicieuse brioche feuilletée au praliné de cèpes. Un agréable teasing des réjouissances à venir, qui se confirme avec les mises en bouche servies à l’apéritif.


Les 7 chemins d’une cuisine nature, forestière, raffinée et intense
On emprunte alors les « 7 chemins » du menu, en compagnie d’un inoubliable beurre aux cèpes séchés. Le dressage est précis, typique des tables étoilées. Un brin classique peut-être, mais n’est-ce pas ce qu’on attend d’une institution comme celle-ci ? Le menu ne manque en tout cas pas son sujet avec des références systématiques à la forêt et à la nature. Tout se passe comme si Franck Quinton nous en livrait la substantifique moelle, dans des assiettes qui polissent et subliment la promenade sur les chemins forestiers. Les champignons, marinés, séchés, crus, ou encore mijotés, en balisent à merveille les sentiers.
On retiendra particulièrement le pigeon, en croute et en cuisse, venu mettre un point final aux plats, ou encore cet encornet flamboyant et sa sauce profonde.


Le camembert et son crémeux poire, servis en guise de transition, étaient bien exécutés. Néanmoins, on déplore des propositions sucrées en dessous du reste. Le dessert au sucre soufflé était gadget. Il y manquait l’intensité qu’on peut attendre d’une douceur aux champignons. Ces derniers étaient finalement plus présent dans l’intitulé du plat que dans les goûts.


Ce menu en 7 temps est facturé 140 euros, un prix correct pour un menu étoilé. Des établissements au même nombre d’étoiles peuvent facturer le double pour un menu similaire.
Un accord mets-vins-cidres à prix raisonnable
Côté accord mets et vins, on se souvient de choix intéressants avec quelques références chinées des Alpilles ou du Péloponnèse et des accords régionaux bien sentis. Mais il faut particulièrement souligner la belle découverte des créations du « sydrologue » Eric Bordelet (qui est bel est bien normand). Il s’en dégage une harmonie remarquable : les boissons accompagnent fidèlement les plats et ne cherchent pas à briller toute seule. On veut croire que cette complicité tient aux liens familiaux qui unissent le chef et le sommelier, qui n’est autre que son beau-frère. De quoi justifier la centaine d’euros à débourser pour les 7 verres qui accompagnent les 7 temps.


Combien ça goûte le Manoir du Lys ? Tout y est !
🟩 Qualité : Implacable et impeccable, c’est un travail de maître restaurateur sans conteste. On peut regretter le bémol du dessert, mais on a affaire à une cuisine nette, sincère, poétique, faite de produits d’excellence. Le rapport qualité-prix est intéressant pour cette expérience en 7 temps sur les sentiers forestiers.
🟩 Humain : L’atmosphère familiale et soudée de l’équipe est agréable, plus chaleureuse que les services parfois trop policés et impersonnels de certaines adresses du guide Michelin.
🟩 Démarche : Des producteurs triés sur le volet, le fruit des cueillettes, les « retours de pêche », rien à redire là-dessus. L’univers du chef s’exprime pleinement à travers ces propositions.
🟩 Émotion : Le beurre aux champignons séchés dont on pourrait se rendre malade.